Curemonte
Vocable :Saint-Barthélémy
Epoque :Portail et chevet romans. Chapelles latérales gothiques.
Historique :Le village de Curemonte s'étire sur une étroite crête rocheuse, où se dresse la silhouette de trois châteux médiévaux, presque contigus. L'église Saint-Barthélémy, au milieu, jouxte la muraille d'enceinte du château de Plas. Les abbés de Solignac, du Haut-Limousin, avaient des droits sur Curemonte au XIIIe siècle, où on les reconnaît comme suzerains de la ville. Mais l'église relevait de l'ordre de Malte, qui tenait une commanderie dans la paroisse. La maison de Curemonte fut donnée en 1308 à Jourdaine de Vilaret, la prieure d'un monastère féminin maltais (Fieux, en Quercy, près de Roc-Amadour) par le grand-maître de l'ordre. Les dames maltaises, dites prévôtes ou préceptrices du lieu, nommèrent dès lors à la cure, et jusqu'au XVIIIe siècle.
Terre de châteaux, Curemonte logait donc des nobles, qui voulurent un lieu de culte privatif dans l'église. La construction d'une chapelle donna lieu à un procès entre co-seigneurs du lieu, Jean de Curemonte et Gabriel de Cardailhac, qui aboutit à un accord en 1526. Trois chapelles furent ajoutées à l'époque gothique, qui vit aussi la réfection des voûtes de la nef et du choeur.
Descriptif :Le plan, simple à l'origine, s'est compliqué avec les adjonctions successives. Une nef barlongue est prolongée par un choeur-abside à fond plat, de même largeur. Trois chapelles flanquent le côté sud, une seule le côté nord, entre un appentis et une sacristie ajoutés au XIXe siècle.
On entre par un portail situé au sud, dans un avant-corps faisant saillie sur le mur gouttereau de la nef. La porte est surmontée d'un linteau nu, qui prend place sous un arc au cintre brisé. Trois voussures composent l'ébrasement du portail. Les arêtes en sont abattues, et portaient jadis un ornement de besants ou de têtes de clous. Des tores sont logés entre les voussures, et retombent sur des colonnettes, soit directement, soit par l'intermédiaire de chapiteaux sculptés sans tailloir. Le décor se détache nettement ici du support, et perd sa fonction architecturale. Cette liberté vis-à-vis des principes de la sculpture romane se retrouve à la voussure intérieure du portail, moulurée d'un boudin continu auquel de curieuses têtes sculptées sont accrochées.
Celles-ci semblent garder l'entrée de l'église, qui donne sur la nef, dans une travée plafonnée. Les murs sont, comme le portail, d'époque romane. Une baie très ébrasée ajoure le mur nord, une autre, plus large, est ouverte à l'ouest. La seconde travée de la nef, ainsi que le choeur, sont voûtés d'ogives. Les nervures prismatiques sont reçues par de fortes colonnes, dont les chapiteaux sont ornés de boules à l'entrée du sanctuaire. Il est à noter que les chapelles gothiques ouvertes dans la seconde travée de la nef sont de même élévation que celle-ci, et forment les bras d'un transept véritable.
Le retable baroque qui occupe le fond de l'église masque en partie les fenêtres romanes à double rouleau. On les aperçoit mieux de l'extérieur, où elles forment un triplet, entre des pilastres qui portent une arcature. Le chevet roman, dont les parois sont étayées de solides contreforts à étages, a été bien préservé. On ne peut en dire autant du clocher, qui dénature un ensemble déjà hétérogène d'une tour barlongue, sans style, en façade occidentale.
Sculpture : Deux chapiteaux sculptés au portail. L'un, abîmé, laisse deviner le corps d'un animal ailé. L'autre, bien conservé et finement ciselé, montre un personnage entre deux dragons qu'il saisit par le cou. Les monstres happent le personnage par les cheveux ou les oreilles.
Sources :-Poulbrière, Dictionnaire des paroisses du diocèse de Tulle (T., p.370-380)
-Jean Lalé, Curemonte (Editions Les Monédières)
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