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LES PORTAILS

 

Les portails des églises romanes du Limousin présentent certaines affinités, dont la synthèse a permis de définir un style régional pour cette partie de l’édifice : le portail limousin est composé de plusieurs voussures placées en retrait successif ; des tores sont logés dans les angles rentrants, et prolongés jusqu’au sol par des colonnettes qui supportent des chapiteaux sans tailloir. 

 

 

 

 

La spécificité de ces portails renvoie plus généralement à un type de mouluration propre à la région, qui orne également les ébrasements des fenêtres et des baies des clochers. Le tore ou boudin souligne l’arc, et retombe sur des colonnettes de même diamètre : les chapiteaux sont donc de petite taille, peu évasés, et les tailloirs inutiles. En réalité, les chapiteaux perdent ici leur fonction architecturale, qui est d’assurer la transition entre le fût circulaire d’une colonne et la section rectangulaire du sommier de l’arc. Il arrive donc que les chapiteaux disparaissent, et que la moulure cylindrique se développe sans discontinuer de la base des piédroits au sommet de l’arc, comme à Chamberet.


Sans être systématique, l’adoption de ce type de portail est très fréquente en Bas-Limousin. Dans l’arrondissement de Brive, sur vingt-cinq portails romans recensés, quatorze ont des moulurations limousines, deux présentent des chapiteaux à tailloirs. Les autres sont abîmés, et n’ont conservés que les tores ; il est à parier qu’ils devaient ressembler au groupe largement majoritaire dans la région.

Lorsqu’ils sont placés sur la façade occidentale, les portails subissent de plein fouet les intempéries, et ceci explique sans doute en partie les dégradations subies. Ceux ouverts au sud, moins fréquents, sont en général mieux conservés, d’autant qu’ils sont alors abrités sous un porche logé dans un avant-corps faisant saillie sur la nef. L’église d’Allassac, avec ses deux entrées, illustre ce phénomène : tandis que le portail méridional conserve quasiment son aspect originel, les pierres gréseuses de l’entrée ouest ont été creusées par le temps, qui a emporté aussi les colonnettes. 

La sobriété domine aux portails des églises corréziennes, qui se ressemblent et ne connaissent pas la profusion de moulures savantes visible dans d’autres régions. Les archivoltes qui forment larmier au-dessus du portail sont parfois ornées de billettes (Uzerche, Sérilhac) ou d’un damier (Ligneyrac, Meyssac). Exceptionnellement, les arêtes chanfreinées des piédroits sont moulurées de boutons ou de boules (Estivaux, Collonges, Curemonte). Un groupe d’églises se distingue par l’emploi d’arcs polylobés formant la voussure de l’entrée (Allassac, Chamberet, Collonges, Lubersac, Margerides et Vigeois). Les lobes sont séparés par des voussoirs aux extrémités pendantes et recourbées, ornées d’un décor sculpté à Vigeois et Lubersac.

 

 

 

La place de Beaulieu en Bas-Limousin



Dans cet ensemble homogène, fruit d’une architecture aux ambitions modestes, il faut bien entendu réserver une place à part au portail monumental de Beaulieu. Chef-d’œuvre de l’art roman, celui-ci est surtout connu pour son tympan sculpté, figurant le Jugement dernier. La qualité de la sculpture, comme l’ampleur du programme iconographique, n’ont pas d’équivalent en Bas-Limousin. Il est donc difficile de parler de l’art roman en Corrèze en partant du portail de Beaulieu, mais il ne faut pas non plus l’en isoler complètement.

D’une part, la mouluration torique ornant voussures et piédroits le rattache au style limousin. D’autre part, il fut sans doute une source d’inspiration pour les bâtisseurs de la région, et certains partis adoptés à Beaulieu se retrouvent en effet d’autres édifices corréziens. 

Le tympan sculpté, tout d’abord, orne l’entrée de trois autres églises. A Collonges, une Ascension finement ciselée dans un calcaire blanc est attribuée aux ateliers languedociens. Le thème a été repris à Saint-Chamant, mais dans un style plus rude, comparable à celui des sculpteurs du tympan de Saillac figurant l’Adoration des Mages. 

Le porche de Beaulieu, avec ses arcatures latérales logeant des panneaux sculptés (Daniel entre les lions, Tentations du Christ), a également ses émules en Bas-Limousin, à Lagraulière et Sérandon. A Sérandon la sculpture est très rustique : c’est un fruste décalque du porche d’Ydes, en Haute-Auvergne, qui reprend le thème de Daniel entre les lions secouru par Habacuc, présent également à Beaulieu. A Lagraulière les panneaux sculptés sont de belle facture, et mettent en scène le mauvais riche sur son lit de mort, l’avare supplicié et un énigmatique personnage portant un poisson. Au musée Labenche de Brive, enfin, un fragment de panneau sculpté qui provient du portail primitif de la collégiale Saint-Martin atteste un même parti-pris architectural ; le morceau serait issu d’une représentation de la descente du Christ aux Enfers.

 

 

Le décor sculpté



Si le décor architectural reste modeste, la sculpture est très présente aux chapiteaux des portails, spécialement dans la région de Brive. Les chapiteaux, adaptés aux fûts des colonnes, sont de petite dimension, et ne présentent que deux faces. Pas de grandes compositions, donc, mais des figures simples, parfois jumelées, qui se retrouvent également dans le décor des baies limousines.

Le décor sculpté des portails emprunte nombre de ses figures au bestiaire roman.
- Aigles et lions, auxquels est dévolu le rôle symbolique de gardiens, ont la part belle, et ornent maintes entrées d’églises.
- Un couple de colombes affrontées accueille le fidèle à Jugeals.
- Les griffons apparaissent entrecroisés à Allassac, tandis qu’à Curemonte ils sont saisis à la gorge par un personnage qu’ils encadrent.
- Une sirène tient les deux extrémités de sa queue à Lissac.


Lorsque l’homme est associé à la bête, celle-ci prend une apparence monstrueuse, et figure clairement les forces du mal auxquelles il faut livrer combat. Plusieurs chapiteaux développent le thème du monstre androphage : la tête d’un personnage disparaît dans la gueule d’une bête à Lubersac ; à Arnac, la bouche grand ouverte du monstre contient un homme qui semble vouloir en sortir ; A Allassac et à Beaulieu, un chapiteau similaire montre la torture d’un homme, allongé en travers de la corbeille, en proie aux morsures de bêtes infernales. Un autre thème moral est représenté à Meyssac, qui met en scène l’avare, facilement identifiable à sa bourse. La sculpture est un peu abîmée, mais on reconnaît, à la droite du pécheur, un démon qui lui tend quelque chose ; à sa gauche, un autre personnage que l’avare repousse de sa main ; celui-ci porte un objet qui a la forme d’un clocher : on pourrait donc lire que l’avare, tenté par le démon, refuse le  secours de l’Eglise.


Les thèmes profanes ne sont pas absents non plus des portails : des acrobates se contorsionnent à Lissac et Lubersac, un montreur d’ours apparaît à Collonges à la naissance d’un arc polylobé.


Signalons enfin qu’un chapiteau fréquent, visible également à l’intérieur des édifices, fait sortir les tiges d’un feuillage d’un masque animal placé en haut de la corbeille.

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