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Le décor sculpté
Le décor sculpté est abondant dans les églises corréziennes, spécialement autour de Brive.
La nature de la pierre y a favorisé l’éclosion de la sculpture, condamnée à demeurer d’une facture plus grossière
dans les régions granitiques de la montagne limousine. Le décor se concentre essentiellement sur les supports
architecturaux que sont les chapiteaux et les modillons, mais il ne s’y épuise pas. Quelques exemples d’une
sculpture plus monumentale nous sont parvenus, aux tympans des portails ou sur les panneaux latéraux des porches.
Beaulieu et son Jugement dernier, au premier rang, mais encore d’autres édifices bien plus modestes qui présentent
un tympan sculpté (l’Ascension à Collonges et Saint-Chamant, l’Adoration des mages à Saillac) ou un
porche historié
(Lagraulière, panneaux de la mort du mauvais riche, du supplice de l’avare et de l’homme aux poissons).
D’une manière générale, les thèmes religieux inspirés des Livres saints se retrouvent plutôt dans les grands
édifices. Ils font parfois l’objet d’un véritable programme iconographique : à Lubersac, c’est tout le cycle
de la vie du Christ, de l’Annonciation à la Descente de croix, qui est figuré sur les chapiteaux du chœur ;
à Vigeois, le programme consacré au Christ est plus succinct, mais le sculpteur a en outre fixé sur la pierre
des paraboles évangéliques (histoire de Zachée, du bon samaritain, Lazare et le mauvais riche). Ailleurs,
on retrouve d’autres représentations de scènes des Evangiles et de l’Ancien Testament, mais elles sont
alors mélangées à d’autres sculptures moins savantes. Saint-Martin de Brive présente ainsi un riche décor
sculpté, produit d’ateliers différents, où se côtoient thèmes religieux, thèmes moraux, sculpture
anecdotique et chapiteaux au décor végétal luxueux.
L’étude du registre moral met en évidence la récurrence de certains thèmes : l’avare se montre à plusieurs reprises aux
portails des églises, supplicié par un démon ou opposé à des personnages qui semblent représenter la foi vertueuse
(Saint-Chamant, Meyssac). Pour figurer l’opposition entre le Bien et le Mal, les sculpteurs empruntent souvent au bestiaire
, réel ou fantastique, où la bête tient le rôle de créature démoniaque. Les chapiteaux mettant aux prises l’homme et l’animal
visent ainsi à exalter la vertu ou condamner le vice, selon que l’homme sort vainqueur ou se laisse dominer. On en retrouve
de multiples exemples en Bas-Limousin : le plus fréquent met en scène un homme encadré par deux lions, qu’il tient par une
laisse ou par les mâchoires. Il faut lui adjoindre le thème de Samson décrochant la mâchoire du lion (Brive, Albignac),
au symbolisme équivalent. Souvent, c’est la bête qui est en position de force, soit qu’elle avale la tête du personnage
(monstres androphages à Saint-Robert, Lubersac) ou qu’elle ne fasse qu’un avec lui (femme allaitant des serpents à Brive,
qui enlacent un homme à Albignac, sirène à Lissac).
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