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Meymac


Vocable :Notre-Dame, Saint-André et Saint-Léger
Epoque :12e-13e siècles

Historique :L'abbaye d'Uzerche fonda un prieuré à Meymac en 1086, à l'initiative d'Archambaud de Comborn, qui tenait là de l'évêque de Limoges un église dédiée à Notre-Dame. Le prieuré obtint son indépendance au XIIe siècle, et fut érigé de facto en abbaye lorsque les moines purent choisir l'abbé en leur sein. Après les désastres du XIVe siècle, dûs aux ravages de la Guerre de Cent ans et de ses bandes de routiers, le monastère se releva péniblement, et passa sous le régime commendataire. La réforme de Saint-Maur, introduite par l'abbé Hédelin en 1669, permit à l'abbaye de retrouver un peu de lustre, en reconstruisant notamment les bâtiments claustraux. En lutte avec la paroisse pour l'usage de l'église depuis le XVIIe siècle, les moines disparurent lors de la Révolution.

Descriptif :L'église abbatiale est un édifice complexe, fruit de trois campagnes au moins de construction.
La première d'entre elles a permis d'édifier,à l'ouest, le porche, sur lequel s'élève un court clocher carré. Sa façade occidentale est rythmée par une arcature triple: deux arcades latérales hautes et étroites encadrent le portail central, formé de quatre voussures légèrement brisées. Des colonnes à chapiteaux sculptés, sans tailloirs, occupent les angles rentrants. Deux colonnes plus fortes, également sommées de chapiteaux sculptés, supportent l'arc d'entrée polylobé. A l'étage, les trois arcades de l'entrée sont rappelées par un triplet de baies au cintre brisé, à mouluration limousine là encore.
En entrant, on retrouve la disposition tripartite annoncée par la façade: la travée du porche se compose en effet de trois compartiments, reliés entre eux par des arcs brisés à double rouleau. A la retombée des arcs prennent place de gros chapiteaux montés sur des colonnes engagées. Le décor sculpté, différent de celui de la façade occidentale, présente des scènes historiées de belle facture. A l'étage, qu'on ne peut visiter, une salle est couverte d'une coupole octogonale.
Le reste de l'édifice a été accolé au porche, après l'achèvement de celui-ci. Il s'agit d'une construction romane, modifiée au XIIIe siècle par la réalisation de voûtes d'ogives dans la nef et le transept.
Le vaisseau unique comporte deux vastes travées, percées de fenêtres à mouluration limousine des deux côtés (3 dans la 1ere, 2 dans la seconde). Les voûtes d'ogives gothiques retombent sur de gros piliers, très saillants, qui obstruent même les passages latéraux du porche. L'examen du décor sculpté des chapiteaux gothiques laisse penser que le voûtement a été réalisé d'ouest en est: les premiers chapiteaux-frises, côté ouest, présentent en effet un décor figuré (personnages dévorés par des lions, personnages assis entre deux lions) plus proche de l'inspiration romane que les chapiteaux à crochets qu'on trouve en avançant dans la nef.
Les bras et la croisée du transept ont également reçu des voûtes d'ogives, dans la continuité du voûtement de la nef. La particularité de cette partie de l'édifice est que deux types de supports coexistent: côté ouest, vers la nef, les deux piliers de la croisée, flanqués de colonnes engagées, appartiennent au chantier gothique. Ceux qui leur font face sont en revanche romans, c'est-à-dire destinés à recevoir autre chose qu'une voûte d'ogives. L'on voit d'ailleurs le départ de pendentifs, entre les doubleaux des croisillons et du choeur, qui servent à relier les piliers de la croisée à une coupole.
Trois absides "parallèles" terminent l'édifice à l'est. Les guillemets s'imposent ici car le plan de ces parties, ainsi que du bras nord du transept, présente des déviations importantes. Selon Poulbrière, cette particularité aurait une valeur symbolique, l'inclinaison de l'abside centrale et de l'absidiole sud vers la droite rappelant celle du chef du Christ crucifié.
Les trois absides, polygonales, s'ouvrent sous des arcs à double rouleau au cintre brisé, retombant sur des chapiteaux simplement épannelés. Bien que probablement construites à la même époque, les trois absides présentent quelques différences, et montrent même certaines particularités étonnantes, liées à une expérimentation architecturale. L'abside centrale débute par une travée droite, qui forme le choeur, de chaque côté de laquelle s'ouvre des passages conduisant aux absidioles latérales. Une arcature recouvre les parois du fond de l'abside, à pans coupés, comme dans l'absidiole nord (pas d'arcature dans l'absidiole sud). C'est surtout le voûtement qui est original: venant étayer la voûte en cul-de-four, quatre nervures ont été lancées de la base de la voûte pour se rejoindre à son point le plus haut, contre l'arc doubleau du choeur. Un semblable dispositif s'observe dans l'absidiole sud, même si les nervures n'adoptent pas le même profil (prismatique ici, torique dans l'abside centrale). Il ne s'agit pas encore d'une voûte d'ogives, car les nervures ne déchargent en rien les murs du poids des voûtes, mais d'une formule de transition probablement, qui emprunte au gothique certains éléments de son vocabulaire sans en maîtriser le sens.
Pour compléter notre description de l'édifice, il faut se porter à l'extérieur, et observer le chevet qui présente également, autour des trois absides cette fois-ci, un arcature sur colonnes engagées couvrant tous les pans de murs. Les baies abritées par l'arcature s'inscrivent dans des arcades à double rouleau, et même à triple rouleau pour celles de l'abside principale. De curieuses têtes sculptées, et légèrement effrayantes, somment les fenêtres de l'abside principale.
Nous passerons rapidement sur le reste de l'édifice, en notant seulement que les murs de la nef sont rythmées par la succession des fenêtres limousines, dont les archivoltes se joignent pour former une arcature continue.

Sculpture :Le décor sculpté roman prend place sur les chapiteaux du porche principalement, ainsi que sur les petits chapiteaux des fenêtres limousines et du portail occidental. Les chapiteaux de la nef, d'inspiration romane, sont plus tardifs, puisqu'ils ont été réalisés en même temps que le couvrement du vaisseau par des voûtes d'ogives. Le décor roman se trouve encore au niveau des arcatures de l'abside centrale et de l'absidiole nord, qui retombent sur des chapiteaux sculptés (décor végétal de rinceaux et de palmettes dans l'absidiole sud, plus difficilement lisible dans l'abside principale).
Parmi les chapiteaux intéressants du porche, on remarque une curieuse composition où quatre personnages semblent « vomis »-ou engloutis?- par deux têtes monstrueuses placées aux angles supérieurs; les personnages sont nus, leurs jambes enfoncées jusqu'aux genoux dans la gueule des monstres. Un autre chapiteau montre un lion attaquant un personnage dans le dos, ce dernier semblant secouru(?) par un autre personnage placé sur la dernière face de la corbeille, difficilement visible. Deux lions affrontés occupent l'espace d'une autre corbeille. Un chapiteau historié montre, dans un décor d'église, un personnage tenant un bâton et posant la main sur un livre, situé lui-même sur un autel; face à lui, un autre personnage tient un vase posé sur le même autel (un dernier personnage est agenouillé derrière le premier). Scène difficile à déchiffrer. Le sculpteur est probablement le même qui, à Arnac, a consacré un chapiteau à Saint-Martial (E. Proust).
Petits chapiteaux remarquables : personnage attaqué par deux bêtes ailées (en entrant dans la nef, côté gauche, et au portail, mutilé); lion crachant un feuillage double (absidiole sud); personnages fantastiques masculin et féminin, à tête humaine, corps ailé et pieds crochus (portail, mutilé), personnage barbu agrippant des lanières (?) passant sur ses épaules (côté nord de la nef, à l'extérieur).
Deux chapiteaux sont déposés dans la nef. Sur l'un deux, mutilé, une scène historiée montre un personnage ailé, ange ou démon, tenant en laisse un homme nu, attaqué au niveau du sexe par un serpent, et tenant lui-même un autre personnage (féminin?) dénudé. Probable condamnation de la luxure (E. Proust a trouvé un chapiteau très semblable à Saint-Austremoine d'Issoire)
A noter, pour terminer, plusieurs modillons sculptés sous la corniche du mur gouttereau nord, dont un personnage exhibitionniste, et au sommet des murs latéraux du porche occidental.

Sources :-Poulbrière, Dictionnaire des paroisses du diocèse de Tulle, T.2, p.198-223.
-E. Proust, La sculpture romane en Bas-Limousin, p.294-300.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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